L’action politique est forcément collective. Si elle nécessite un chef et une hiérarchie, elle repose sur une équipe et son efficacité dépend aussi de la discipline qui y règne. Un temps, « on fermait sa gueule ou on démissionnait ». Aujourd’hui, chacun étale ses divergences au grand jour.
Gauche-droite : match nul !
Depuis Nicolas Sarkozy, le terme de « solidarité gouvernementale » a gravement été mis à mal. Si elle a fini par être sanctionnée, Rama Yade a été pendant longtemps la sauvageonne du gouvernement. Nous avons eu d’autres exemples avec le remaniement. Brisant tous les usages, trois ministres ont carrément annoncé leur départ avant l’annonce officielle. Ensuite, nous avons eu droit à une litanie d’anciens déversant leurs états d’âme dans les médias.
De l’éthique à l’ego
L’action collective impose une certaine discipline. Il est parfaitement naturel que les membres d’un même parti ne soient pas d’accord sur tout en permanence. Mais les dissensions internes devraient au mieux être consignées à l’intérieur du parti ou, au pire, ne jamais déraper en critiques directes. Les membres du PS comme de l’UMP ne semblent animés que par leurs intérêts et leurs pulsions sans être capables d’envisager l’importance du destin commun qui devrait primer sur leurs petites personnes.
C’est ce que Jean-Pierre Chevènement avait théorisé en affirmant qu’ « un ministre, ça ferme sa gueule, ou ça démissionne ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a appliqué sa maxime tout au long de sa vie. Aujourd’hui les ambitieux aux dents longues de l’UMP, du PS ou du Centre pensent tellement à leur nombril qu’ils sont incapables de comprendre qu’ils se font aussi mal à eux-mêmes en critiquant sans cesse d’autres membres de leur parti. Les bienfaits de la discipline individuelle ont été oubliés.
Cette chienlit politicienne a une cause toute simple : l’absence de convictions. En effet, quand on croit en un idéal, on peut accepter de suivre la majorité et jouer le jeu de l’équipe. En cela, les débordements actuels en disent long sur la médiocrité du personnel politique des grands partis.
Laurent Pinsolle